• Virtual love 2

    Dans une grande salle éclairée par des bougies ainsi que les rares rayons de lune qui pouvaient traverser une petite fenêtre, où les murs de pierres et le vide faisaient régner une ambiance assez lugubre, un groupe d’homme -chacun assit sur une chaise de bois qui l'air guère confortable- était rassemblé autour d’une immense table. Au bout de cette table, un homme portant une longue cape noir était debout, pour prendre la parole.
    -Je vous ai réuni ici aujourd’hui pour vous faire passer une information très importante. Mais d’abord, faites venir le prisonnier ! Il a sûrement des choses importantes à nous révéler, lui aussi !

    Deux hommes tenaient un homme enchainé. Il avait des cheveux bruns en bataille, et une barbe mal rasée apparaissait sur le long de sa machoire inférieure. Ses habits verts déchirés à divers endroits montraient qu'il était rempli de cicatrices. Sur son visage crispé démontrait sa souffrance. L’un des deux hommes le fit mettre à genoux devant la personne à la cape noire. Le prisonnier baissait les yeux. Il y avait de la fureur dans son regard... On pouvait même y discerner de l’angoisse. Le personnage sombre montra ses dents blanches avant de commencer d'un ton impitoyable.
    -Que faisais-tu sur notre territoire ? Tu es un espion n’est ce pas ? Tu as sûrement pleins de choses à nous révéler. Parle !

    L’homme ne dit rien. Il se mordait les lèvres et respirait vite. Son interlocuteur fronça les sourcils. Il commençait à s’impatienter. Le prisonnier savait ce qu’il l’attendait s’il ne révélait rien. Mais il savait aussi ce qu’il l’attendait s’il révélait tout… Dans tout les cas, il allait être puni très sévèrement. Et par un châtiment extrêmement affreux que l'on évite tous lorsque le moment se présente : la mort !


    L'homme à la cape noire croisa les bras. Il ne souriait plus...
    -Tu ne veux rien dire ? Tant pis, tu m’as juste fait perdre mon temps pour rien. C’est grave ça, tu savais ? Allez, coupez-lui la tête et donnez-la au premier Inorays que vous voyez ! On va leur apprendre à ces idiots qu’il ne faut pas fouler du pied notre territoire !
    Le prisonnier cria de frayeur. Des hommes le poussèrent vers la sortie et fermèrent la porte. Les autres ricanèrent mais le chef des Altirys paraissait furieux et en même temps pensif. Il serra son poing et frappa sur la table en laissant échapper toute sa colère. Pourtant, sa voix était calme, sans exprimer un seul sentiment.
    -Je sais qu'ils ont découvert quelque chose ! Et je ne les laisserai pas s'en tirer si facilement !


    ~~~


    Je me réveillai en sursaut. Des sueurs dégoulinaient sur mon front. Mon cœur battait à cent à l’heure. J’avais fait un horrible cauchemar. J’étais tellement devenue accro au jeu que je me mettais à en rêver… Mais au fait, quelle heure était-il ? Je regardai sur mon réveil : "7h40". Mince ! Les cours commençaient à 8h00 et je n'étais même pas prête ! Pourquoi mon réveil n’avait-il pas sonné ? Je fis un bon hors de mon lit et me précipitai vers mon armoire pour m’habiller.

    Après avoir mis une marinière, un jean bleu et des converses, je descendis les escaliers en dégringolant et me dirigeai à la cuisine pour prendre une pomme qui était dans le bac à fruits. Je n'avais pas le temps de déjeuner. Heureusement, le Lycée où j'étais fournissait les affaires dont on avait besoin ; ce qui nous permettait de ne pas avoir à amener de sac. Il fallait juste que l'on ait une carte pour entrer.

     En chemin, je savourai le bon gout sucré du fruit tout en trottinant. Ça ne m’était encore jamais arrivé de me réveiller en retard ! Heureusement, j’aperçus le Lycée. Ouf, je n'étais donc pas en retard. J’arrivai devant la grande grille verte qui délimitait la cour du Lycée et la rue où je me trouvais. Je montrai mon carnet à la jeune surveillante aux beaux cheveux blonds, bouclés et aux yeux noisette qui venait à peine d'avoir son poste et rentrai dans la cour. Je rejoignis la foule de Lycéens et cherchai mes amies des yeux. J’aperçus Audrey, une fille de ma classe que je trouvais sympathique et dont j'adorais la couleur flamme de ses cheveux ondulés. Je la rejoignis et lui demandai si elle avait aperçue Claire et Julie. De sa petite voix aigüe, elle me répondit.
    -Heu… Non, je ne les ai pas vues entrer. Elles doivent être sur le chemin, en faisant du lèche vitrine comme d’habitude !

    La sonnerie retentit. J'allai dans notre rang et me dirigeai vers un garçon châtain aux yeux marrons foncés que j'appréciai beaucoup pour sa galanterie et sa gentillesse ; Hugo. Je commençais à m’inquiéter pour Julie et Claire ; elles n’étaient toujours pas venues… Elles n’allaient tout de même pas me laisser toute seule aujourd’hui ?! Bon ok, je n'avais pas beaucoup d'amis. Mais -comme on dit- j'ai les meilleurs ! 

     

    Hugo, qui s'inquiétait à chaque fois qu'une fille paraissait triste me demanda.
    -Qu’est ce qu’il se passe Solène ? Tu en fais une de ces têtes !
    Dans un petit rire forcé, je lui dis.
    -Tout vas bien, je m’inquiétais juste pour Claire et Julie…
    A ma grande surprise, celui-ci m'annonça.
    -Il ne faut pas ! Julie m’a téléphoné ce matin comme quoi de dire aux profs qu’elle était malade. Après, tu connais Claire, elle a profité de la situation pour ne pas aller en cours et la rejoindre…

    Il devait avoir raison. Dommage, je voulais rendre Julie jalouse à cause du jeu. Elle aurait adoré y jouer. Et puis, j’aurais pu profiter de la situation pour l’inviter chez moi et le lui montrer. On se serait bien amusées ! Mais pourquoi avait' elle prévenue Hugo et pas moi ? C'était assez étrange... Je suis pourtant sa meilleure amie...Le prof de Français arriva pour nous mener vers sa salle de classe et faire cours... Enfin, j'allais pouvoir continuer ma nuit de sommeil interrompue par un maudit réveil !


    ~~~


    Comme tous les matins, je somnolai sur ma table, en écoutant le prof d’une petite oreille endormie. Pourtant, j'étais passionnée par le Français... Mais le prof que nous avions actuellement avait une façon de parler... très ennuyeuse ! Quelqu’un me tapota dans le dos. Surprise, je me retournai. Un garçon aux cheveux blonds et aux yeux bleus nommé Julien me passa un petit bout de papier.
    -Lis et fais passer !
    Je retournai la feuille et commençai à lire : 
    "Demain, blocus au Lycée, venez pas !"

    Première bonne nouvelle de la journée : je ne viendrais pas demain. Je profitais toujours des situations comme celles-là pour avoir une bonne excuse et rester chez moi. De plus, les rumeurs de blocus dans ce Lycée étaient toujours sérieuses et... Assez dangereuses aussi. Après tout, le Lycée était placé dans une banlieue remplie de racailles.

     J’attirai l’attention de mon voisin et lui donnait  le papier. Il me fit un regard interrogatif avant de le lire. Pendant ce temps, je me remis à somnoler en attendant la fin du cours. J'essayai de me remémorer mon cauchemar. Il paraissait si... Si réel ! Et pourquoi étais' je aussi sûr que cela était dû à mon jeu ? Je ne connaissais aucune des personnes présentes dans mon rêve...

    Quelques minutes plus tard, la cloche sonna enfin ! Sans avoir le temps de dire "Ouf", tous les gens de ma classe se précipitèrent vers la sortie dans un bahut infernal. Comme à chaque foi, j’étais la dernière à sortir. Je me levai, m’étirai et sortis de la salle. Après avoir traversé un long couloir rempli de portes et de fenêtres, je descendis les escaliers en colimaçon lentement et me dirigeai vers la cour. Pour me donner courage, je me répétai sans cesse que le lendemain, je pourrai rester chez moi et jouer à "World Darkness".
    ~~~
    A la fin de la journée, que j'avais bel et bien passé seule, je décidai d’aller directement chez Julie pour avoir de ses nouvelles. Elle n’habitait pas loin et je pourrai en profiter pour lui parler de mon jeu. Je me dirigeai donc chez mon amie au lieu de rentrer chez moi. Julie habitait une petite maison mitoyenne dans une rue étroite.

    Après une dizaine de minutes de marche, j’arrivai enfin devant chez elle et appuyai sur la sonnette qui était collée à une petite porte en bois. Une grande femme à la courte chevelure dorée et aux yeux assez clairs -qui était en fait la mère de ma meilleure amie- m’ouvrit. En me reconnaissant, elle s'exclama.
    -Solène ? Et bien, que veux-tu ?
     Je lui dis la raison de ma venue avec un grand sourire. La mère de Julie m'autorisa à rentrer chez elle.

     Je connaissais bien sa maison et savais que sa chambre était à l’étage. Et oui, ce n'était pas la première fois que je venais chez elle. Je montai les escaliers et frappai à sa porte. Julie me dit d’entrer d’une voix très énergique, pas du tout malade. J’ouvris la porte et rentrai dans sa chambre. Julie me fit un sourire. Je lui demandais d’un air taquinant.
    -Pourquoi tu as fugué le Lycée ?
    D'un air tout excité, elle me donna en guise de réponse.
    -Viens voir, il faut que je te montre !

    Elle me montra son ordinateur portable noir Apple, installé sur son lit. Je m’approchai de celui-ci et m'assis sur une couverture bleue claire, ornée de fleurs fuchsia. Julie l’alluma et cliqua sur l’icône d'internet. Elle tapa le nom du jeu World Darkness dans la barre de recherche et cliqua sur le premier lien apparut. C’était un blog d'un beau design rouge sang, dont le fond d'écran était un cœur épineux transpercé d'une magnifique épée, qui expliquait l’histoire du jeu et donnait quelques astuces. Julie soupira.
    -J’aurais tellement aimé l’avoir !
    Je me mis à faire mon plus gros sourire.
    -Moi j’ai réussi à l’avoir ! (Julie me fit de grands yeux ; n'y tenant plus, j'éclatai de rires) Et oui hahaha, il ne fallait pas partir si tôt ! Tu pourras venir y jouer chez moi si tu veux !
    Ma dernière phrase venait de la soulager.
    -C’est pas vrai… Oh, je suis trop contente !!!

    Elle poussa un cri de joie qui me fit rigoler. J’aimais faire plaisir, surtout à mes amies. Pendant que Julie faisait sa petite "danse de la joie", je passai un coup d’œil au blog dans la rubrique astuce. Une dizaine de liens était affichée. Toutes aussi passionnantes les une que les autres. Je cliquai sur la première intitulée "Comment ne pas se faire attaquer par les loups ?

    Une phrase s'afficha à l'écran:
    " Pour évitez que les loups vous attaquent, il vous suffit de trouver une plante, la médocia ! Vous en trouverez au nord de la contrée des Inorays."
    Je trouvais que ce site était super ! Avec ça, je pourrais jouer plus facilement. Je notai donc l’adresse sur un bout de papier que Julie avait laissé trainé sur sa petite table de nuit collée à son lit et annonçai à ma meilleure amie que je devais rentrer chez moi pour essayer ces codes. En partant, je m'exclamais.
    -Ah, et ce n'est pas la peine d'aller en cours demain. Il y a un blocus !
    Julie fit un petit rire satisfait.
    -Je pourrais venir chez toi, demain ?
    D'un petit haussement d'épaule, je lui fis comprendre que j'étais d'accord. Au moins, ça me fera un peu de compagnie...

    Ma meilleure amie me raccompagna à l'entrée et me jeta dehors avant que je ne puisse avoir le temps de dire au revoir à ses parents...


    ~~~


    De retour chez moi...
    Je m’enfermai dans ma chambre et après m'être confortablement assise sur mon fauteuil, allumai l’ordinateur. Je fus surprise de voir qu'à la place de mon fond d'écran -qui était un ciel banal avec des poissons rouges à la place des nuages-  il y avait une image menaçante d'un crâne enflammé. Certes, je me souviens avoir dis que je voulais mettre le logo de World Darkness en fond d'écran mais... Comment cela se faisait-il qu’il se soit installé seul ? Bah, après tout, voyons le bon coté des choses ; comme ça, je n’avais pas besoin de l'installer moi même !

     Je cliquai sur l’icône du jeu et attendis qu’il se charge. Je ne ressentis aucun picotement cette fois ; ça me rassurait ! Maintenant, à la place du bouton "Commencer", il y avait "Continuer". Je cliquai dessus. Ça me ramenait à l’endroit où j'avais laissé mon personnage. Mais une petite icône en bas à droite de mon écran s’était affichée. Ce devait être une quête ou quelque chose comme ça. Je cliquai donc dessus et un texte apparut à l'écran. Je le lus.
    "Bonjour nouvelle combattante des Inorays. Avant de commencer vraiment à jouer, il faut que tu me dises ton nom ! "

    Un petit cadre s’afficha. J’écrivis mon prénom dans ce cadre et appuyai sur entrée ! Je n'eus pas le temps de faire autre chose qu'une voix d'homme assez médium et  admirative résonna dans mon ordinateur.
    "Alors c'est toi Solène ? Je suis content de faire ta connaissance. Je m'appelle Tolarys et je suis ton entraineur".
    Que venais' je d'entendre ? Mon subconscient me soufflait intérieurement que c'était l'un des personnages du jeu qui venait de me parler... Ce jeu était décidément mieux que je ne me l'imaginais !

    Un autre personnage ne tarda pas à s'afficher sur mon écran -surement mon soit-disant entraineur- et se plaça à coté du mien. Je pus ainsi le voir physiquement ; il avait d'adorables cheveux blonds ébouriffés, son visage pâle reflétait de petits yeux à moitié clos d'un bleu foncé et ses habits ressemblaient étrangement à celui de mon personnage. Décidément, le créateur de ce jeu devait aimer le vert... Mais il avait aussi de bons gouts pour la création des personnages !

    Mon entraineur continua à prendre la parole.
    -Tu n'es pas très bavarde hahaha. Tu dois peut-être être intimidée. Mais c'est normal ; c'est toujours un moment magique de recevoir sa première leçon. Allez, suis-moi. Je vais te montrer ce que tu dois faire !
    J'étais presque bouche bée devant son discourt. Il parlait comme s'il s'attendait à ce que je lui réponde. Astucieux !  Ma curiosité me poussa à en voir plus. J'avais à peine commencé à jouer et j'étais déjà extasiée par la virtuosité de son créateur. Et mon petit doigt me disait que ce jeu regorgeait d'autres merveilles... Je suivis donc Tolarys pour connaître ma première leçon...

    Une leçon, que ce mot est excitant venant de la part d'un jeu absolument magnifique. D'ailleurs, il n'y avait aucun bugs d'images ni de sons, à la différence des autres jeu en trois dimensions. Le graphisme était éblouissant et fluide. Tout était construit dans la perfection ; il n'y avait aucune erreur de programmation. Mon personnage marchait à pas lents mais réguliers derrière mon superbe entraineur. S'il avait appris à se mettre en automatique, j'en aurais profité pour regarder le paysage. Pour l'instant, ce n'était que de la verdure avec au dessus, un ciel bleue comportant quelques nuages aux formes bizarres. Mais bientôt, nous atteignîmes une forêt assez terrifiante...Heureusement, Tolarys n'y entra pas. Il me suggéra de commencer l'entrainement à l'entrée de cette forêt en me rassurant qu'il n'y avait aucun danger et que nous serions tranquille.


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    Ma première leçon n'avait pas été l'une des plus compliquées. Tolarys m'avait seulement appris à donner des coups de poings en appuyant sur la touche "Ctrl" au cas où je n'aurais pas d'épée. Et en effet, je n'en avais pas... Enfin, pas pour l'instant en tout cas. Je ne me débrouillais pas trop mal. Après m'avoir annoncé la fin de l'entrainement il me fit promettre de le rejoindre le lendemain pour en faire un nouveau. Cela m'a parut étrange. Mais comme je l'avais prévus, ce jeu n'avait pas finit de m'en faire voir !

    Je pris la direction du village. Maintenant, je commençais à me repérer à force de jouer. Soudainement, j'eus le réflexe de tourner la tête vers mon réveil et m'exclamai en voyant qu'il était 22 heures et que je n'avais pas mangé. J'éteignis mon ordinateur -après avoir enregistré la partie- à une vitesse phénoménale et descendis à la cuisine me préparer des spaghettis. Après m'être rassasiée, je retournais dans ma chambre et me préparai pour m'envoler au doux pays des rêves...